• L'étranger

    - Qui aimes-tu le mieux, homme enigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère?
    - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
    - Tes amis?
    -Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
    - Ta patrie?
    - J'ignore sous quelle latitude elle est située.
    - La beauté?
    - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
    - L'or?
    - Je le hais comme vous haïssez Dieu.
    - Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
    - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!

    Baudelaire: Petits poèmes en prose, I (1869)


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  • Le poème en prose (comme le vers romantique et, plus tard, le vers libre) est né d'une révolte contre les règles contraignantes, tyranniques du poème en vers classique. En l'affranchissant des conventions de la métrique et de la prosodie, le poème en prose a permis au poète d'explorer de nouvelles terres langagières, hors des sentiers battus de la raison et de la logique traditionnelle. Le poète a découvert dans la prose de nouveaux rythmes, de nouveaux moyens d'expression qui lui donnent la possibilité de mettre en forme une vision du monde inédite, originale, en accord avec la complexité de l'époque moderne. Le rêve et le fantastique, grâce à la forme souple et libre du poème en prose, prennent enfin une place importante en poésie. Le poème en prose se définit essentielle- ment comme un morceau de prose court et dense, travaillé et ciselé comme un bijou, fermé sur lui-même (pas d'intrusions du biographique) et produisant une forte impression esthétique. Cette exigence relative autant à la forme qu'au but recherché montre bien que la liberté du poème en prose ne correspond pas à un laisser- aller esthétique. Le poème en prose est la manifestation d'un esprit d'individualisme qui refuse les principes d'un monde établi. Sa principale fonction historique a été d'attirer l'attention sur la crise des valeurs et des formes en littérature, mais aussi dans la société en général; il a témoigné (et témoigne encore) du désordre de l'époque moderne.Le poète qui pratique ce genre littéraire (très peu de poètes le pratiquent de manière exclusive), malgré le rôle important qu'il joue, est considéré comme un marginal. Il n'a pas beaucoup de lecteurs en raison du caractère déconcertant de son art.


    Origines.
    Le poème en prose a été rendu possible grâce à la déversification de la poésie. La publication, au XVIIIe siècle, de nombreuses traductions françaises de poèmes d'auteurs étrangers avait fait prendre conscience d'une chose capitale: la rime et la mesure ne sont pas tout dans un poème; celui-ci, même sans les rimes et la mesure de la version originale, peut avoir de la valeur. La prose avait réussi à intégrer des cadences et des thèmes poétiques de chansons et de ballades: la poésie pouvait donc exister hors des contraintes du vers. Le poème en prose à ses débuts est proche par sa régularité de la poésie en vers traditionnelle. Les poèmes d'Aloysius Bertrand se présentent en effet sous la forme de couplets (en général, il y en a six) de longueur à peu près égale. Mais ce qui comptait pour les premiers auteurs de poème en prose, c'était d'éviter de faire de lui un substitut, un dérivé du poème en vers. Ils voulaient créer un genre littéraire à part entière, jouissant d'une complète autonomie.

    Postérité.
    Le poème en prose au XIXe siècle avait un caractère métaphysique très marqué. Chez Baudelaire et surtout chez Rimbaud, le poème en prose représentait un moyen d'explorer l'univers infini du Moi et de se rapprocher d'une réalité supérieure, à laquelle l'ancienne poésie ne pouvait accéder, à cause de l'emprise de la raison et de la logique traditionnelle. Depuis le début du XXe siècle, le poème en prose s'est beaucoup transformé et diversifié. Il a accueilli l'humour et l'insolite (cf. Max Jacob) et s'est mis de plus en plus à l'écoute des intimes et infimes manifestations de la réalité concrète, prosaïque. Cette tendance, que l'on trouvait un peu déjà chez Baudelaire et Rimbaud, s'est accentuée durant les cinquante dernières années (auteur important: Francis Ponge).


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  • Diablotin

    Une courte nouvelle

     


    Sa fourrure était noire et ses yeux étaient doux. Je me souviens de lui allongé sur le gazon devant la maison.
    Ses poils sombres captaient les rayons du soleil qui passaient entre les arbres et il se roulait dans l’herbe de plaisir. Ses pattes étirées, il offrait son ventre à l’astre solaire en changeant de côté quand la chaleur devenait trop forte.
    C’était un sage, un hédoniste tranquille qui cherchait votre amour du regard. Même une fois qu’il est devenu borgne et qu’il se cognait aux meubles mal placés, son visage exprimait sa bonté profonde.
    Le matin, il était sur la table de la cuisine, il vous accueillait en posant délicatement ses pattes sur vos épaules et en frottant sa tête dans vos cheveux. Ce contact procurait quelques frissons de plaisir et permettait de commencer joyeusement la journée.
    En fin d’après-midi, si vous tardiez trop, il réclamait sa nourriture en vous regardant d’un air étonné, entre la chouette et l’otarie.
    Il n’aimait pas être porté, mais au salon il venait souvent ronronner auprès de vous ou agrippé sur vos genoux.
    Diablotin était gentil avec tous les autres, il leur touchait le nez et parfois dormait blotti à côté d’eux.
    Attentif, il observait tout ce qui se passait, même quand il paraissait somnoler sur un fauteuil, bien installé sur une couverture en laine.

    Un jour, il ne s’est pas réveillé, il s’est éteint tranquillement sur un canapé, entre deux songes, mais ses pattes de velours circulent toujours dans nos têtes. Il est de toute façon quelque part, ici ou ailleurs, en humain ou en ange.


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  • jais créer ce petit blog  rien que pour de la poèsie que j'adore et j'aime aussi les petites histoire laissez moi le temps de construire cepetit  blog au fil des jours ! Jean tartre !


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  • AIMER c’est….

    Aimer c'est trouver la richesse hors de soi
    en oubliant un peu de son moi,
    en donnant chaque jour un peu plus de soi-même
    sans attendre quelques choses de retour,
    savoir aussi pardonner en étant à l'écoute de l'autre
    et en essayant de le comprendre sans le juger,
    l’amour n’est pas simplement un désir,
    une passion un sentiment intense envers un objet,
    mais un niveau de conscience à la fois altruiste et
    riche en réalisation personnelle,
    l’amour découle de la vérité,c’est-à-dire de la sagesse
    l’amour fondée sur la sagesse est l’amour réel,
    et non l’amour aveugle.
    Et découvrir les secrets de l’amour, c’est regarder
    se dérouler les secrets de la Vie.

    Ecrits poétiques


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