• Jacques Prévert



    Enfants de la haute ville
    filles des bas quartiers
    le dimanche vous promène
    dans la rue de la Paix
    Le quartier est désert
    les magasins fermés
    Mais sous le ciel gris souris
    la ville est un peu verte
    derrière les grilles des Tuileries
    Et vous dansez sans le savoir
    vous dansez en marchant
    sur les trottoirs cirés
    Et vous lancez la mode
    sans même vous en douter
    Un manteau de fou rire
    sur vos robes imprimées
    Et vos robes imprimées
    sur le velours potelé
    de vos corps amoureux
    tout nouveaux tout dorés

    Folles enfants de la haute ville


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  • Le Noël des paysans.

     

    Recueil : Chansons de Noël (1853)

    Noël ! des étables aux granges,
    Chantez vallons, dansez hauteurs !
    Jésus descend, quitte ses anges,
    Pour le bœuf, l'âne et les pasteurs.

    En attendant la messe, on veille,
    On babille, on chante un Noël ;
    Dans les récits de la plus vieille
    La jeune met son grain de sel.
    Garçons joufflus, que l'on s'empresse,
    Tout frais rasés, vêtus de drap ;
    Filles en blanc, vite à la messe,
    Une étoile vous guidera.

    Noël ! des étables aux granges,
    Chantez vallons, dansez hauteurs !
    Jésus descend, quitte ses anges,
    Pour le bœuf, l'âne et les pasteurs.

    Dig ding dong ! l'église est jolie :
    (Racontons ce que nous voyons)
    De beaux habits toute remplie,
    De cire blanche et de rayons.
    Au fond, dans une niche en verre,
    Dort sur la paille un doux Jésus :
    Rois et bergers sont en prière,
    L'âne et le bœuf soufflent dessus.

    Noël ! des étables aux granges,
    Chantez vallons, dansez hauteurs !
    Jésus descend, quitte ses anges,
    Pour le bœuf, l'âne et les pasteurs.

    Quand à la file on communie,
    L'orgue joue un air de hautbois ;
    Quand toute la messe est finie,
    On s'éparpille dans les bois.
    Il fait si doux ! l'âme est contente,
    J'entends un amoureux qui dit :
    « Cette nuit le rossignol chante,
    La rose a fleuri cette nuit. »

    Noël ! des étables aux granges,
    Chantez vallons, dansez hauteurs !
    Jésus descend, quitte ses anges,
    Pour le bœuf, l'âne et les pasteurs.

    Allons ! rentrons car il grésille.
    Dit un vieillard en grelottant,
    La bûche de Noël pétille
    Et le réveillon nous attend.
    Respectons la vieille coutume,
    Mes beaux amoureux, buvez frais,
    Mangez le boudin quand il fume,
    Vous vous embrasserez après.

    Noël ! des étables aux granges,
    Chantez vallons, dansez hauteurs !
    Jésus descend, quitte ses anges,
    Pour le bœuf, l'âne et les pasteurs.

    Jésus fait dans notre nuit noire,
    Pauvres gens ! luire une clarté ;
    À sa santé nous devons boire,
    Avec lui naît l'égalité.
    Grands et puissants à mine altière,
    Donnez s'il vous plaît un regard
    Au roi du ciel et de la terre,
    Né sur la paille d'un hangar.

    Noël ! des étables aux granges,
    Chantez vallons, dansez hauteurs !
    Jésus descend, quitte ses anges,
    Pour le bœuf, l'âne et les pasteurs.


    Pierre Dupont.
    (1821 - 1870)

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     (1868)

    C'est Noël, c'est bientôt Noël,


    Il y a des étoiles dans le ciel.
    Les toits sont blancs et sur les branches
    L'hiver met des étoiles blanches :
    C'est Noël, c'est bientôt Noël !

    En décembre, c'est bientôt Noël
    Il y a des étoiles dans le Ciel.
    Et sur la terre tout s'illumine,
    Les places, les rues et les vitrines :
    C'est Noël, c'est bientôt Noël !


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    Dès que l’on passe ce portail, on aperçoit à perte de vue des tas et des tas de sable fin, presque impalpable. On dirait de la poudre d’or. Et si sur la terre on n’en a jamais vu de pareil, tous un jour où l’autre nous l’avons cependant senti.

    « Pas possible ! »
    direz-vous. Eh bien si ! Car il faut vous dire que ce sable n’est pas un sable ordinaire : comme l’indique l’inscription du portail, c’est un sable magique et seul en a l’usage un bien mystérieux personnage. On l’appelle LE MARCHAND DE SABLE.


    On ignore d’ailleurs pourquoi on lui a donné ce nom, car en fait le Marchand de Sable ne vend rien du tout. Simplement, chaque soir, à l’heure du coucher, il descend sur la terre…Se glisse tout doucement dans les maisons, s’approche des petits enfants et …Psschchtttt…Il leur lance dans les yeux un peu de son sable magique. Alors, partout sur la terre, les pitchoun commencent à se frotter les yeux. Les paupières deviennent lourdes, les petits yeux piquent…Certains essayent bien de résister, mais c’est peine perdue. Déjà, Maman les emporte vers un petit lit de bois, un berceau de dentelles ou un simple couffin de vannerie. Oui, partout, à la même heure, des millions de mamans bercent leurs enfants, des millions de petites mains se joignent pour la prière du soir, des millions de baisers conduisent les bambins vers le sommeil.

    Si personne n’a jamais vu le Marchand de Sable, comment peut-on savoir qu’il vient de passer ? C’est tout simplement le cœur des mamans qui leur dit que leur petit est bien fatigué et qu’il est temps pour lui de dire bonsoir. Et cela dure depuis des siècles…Depuis qu’il y a des mamans, des tout-petits et un Marchand de Sable…..

    Quand il a fini sa tournée, il ne faut pas croire que le marchand de sable se repose, oh non ! Il doit retourner à sa carrière magique afin de faire provision de sable pour la prochaine tournée : du sable pour tous les bébés de la terre ! Pour les petits Chinois, les petits Africains, les petits Indiens…Pour les bébés de Belgique et de France…Pour les bébés péruviens ou eskimos !

    Vous pensez bien qu’il a fort à faire et ne pourrait venir tout seul à bout de sa tâche. Aussi, le Bon Dieu (qui aime beaucoup les petits enfants et sait qu’ils ont besoin de bon sommeil) a-t)il donné pour mission aux plus jeunes parmi les petits anges d’aller prêter main-forte au Marchand de Sable. Au début, les angelots avaient bien un peu rechigné, car ils préféraient jouer à cache-cache avec les étoiles…Mais ils avaient vite compris que plus vite ils terminaient leur travail, plus vite ils retournaient s’amuser. Aussi s’acquittaient fort convenablement de leur office et le Marchand de Sable était-il très satisfait de ses petits assistants ailés. Pendant que des petits anges remplissaient les sacs de sable, l’un d’eux les nouait d’une ficelle pour les fermer, d’autres faisaient la chaîne et entassaient les sacs pleins sur le nuage de livraison. Enfin, le plus studieux d’entre eux comptait les sacs et en inscrivait le nombre dans un grand livre. Tout allait donc pour le mieux pour le Marchand de Sable et ses petits clients dormeurs. Ca fonctionnait à merveille depuis des siècles et des siècles et ça aurait pur continuer de même dans les siècles à venir, et pourtant… Mais laissez-moi vous raconter l’incroyable aventure qui arriva au Marchand de Sable du Pays des Rêves…


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  • chaleur

     

    Chaleur

    Tout luit, tout bleuit, tout bruit,
    Le jour est brûlant comme un fruit
    Que le soleil fendille et cuit.

    Chaque petite feuille est chaude
    Et miroite dans l’air où rôde
    Comme un parfum de reine-claude.

    Du soleil comme de l’eau pleut
    Sur tout le pays jaune et bleu
    Qui grésille et oscille un peu.

    Un infini plaisir de vivre
    S’élance de la forêt ivre,
    Des blés roses comme du cuivre.

     

    L'été d'Anna de Noailles


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